Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Après les émeutes et le marasme économique, la Nouvelle-Calédonie s'enfonce dans la crise politique
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/12/2024 à 14:12

Les groupes politiques calédoniens se déchirent à propos de l'aide à la reconstruction du territoire que Bercy a décidé de conditionner à des réformes.

Louis Mapou à Nouméa, le 8 juin 2024. ( AFP / DELPHINE MAYEUR )

Louis Mapou à Nouméa, le 8 juin 2024. ( AFP / DELPHINE MAYEUR )

"Un sale coup politique, irrationnel et irresponsable". À peine sorti d'un épisode d'émeutes particulièrement violentes qui ont plongé l'économie de l'archipel dans la crise, la Nouvelle-Calédonie entre maintenant dans une période d'incertitude politique avec le renversement du gouvernement de l'indépendantiste Louis Mapou, mardi 24 décembre.

En signe de solidarité, les groupes indépendantistes au congrès ont refusé de voter les réformes sans lesquelles l'État ne débloquera pas l'aide d'urgence qui doit permettre au territoire de terminer l'année.

Louis Mapou, qui s'exprimait vendredi 27 décembre pour la première fois depuis la chute du gouvernement calédonien mardi dernier, est sorti de son habituelle bonhommie pour dénoncer la crise politique dans laquelle l'archipel se trouve désormais plongé. Des reproches qui s'adressent principalement à la formation de centre-droit Calédonie ensemble dont la démission de l'exécutif collégial est à l'origine de la crise.

Bercy "dicte sa loi"

Le mouvement estime que Louis Mapou n'aurait pas dû accepter que l'aide à la reconstruction du territoire, dévasté par plusieurs mois d'émeutes, soit versée sous forme de prêt conditionné à la mise en œuvre de réformes. Un milliard d'euros qui va "durablement endetter les générations futures", selon le chef de file de Calédonie ensemble, Philippe Gomès, souhaitant donc la mise en place d'"un gouvernement de combat , capable de ramener les discussions sur la reconstruction au niveau politique et d'arrêter de laisser Bercy dicter sa loi".

Le sentiment que le gouvernement collégial est déconnecté du congrès, dont il est directement issu et dont il reproduit les équilibres, est partagé par plusieurs formations.

"Nous étions contre la chute du gouvernement, mais nous comprenons les raisons qui nous ont amenés là. Ça a été très difficile ces derniers mois de mener un travail en commun avec ce président du gouvernement ", indique Virginie Ruffenach, présidente du groupe Le Rassemblement-Les Républicains.

"Le gouvernement procède du congrès, et pas l'inverse. On a appelé à plusieurs reprises à un changement de méthode ", estime pour sa part Milakulo Tukumuli de l'Eveil océanien. Il juge lui aussi les exigences du ministère de l'Économie disproportionnées : "Je ne sais pas dans quel monde vivent certaines personnes, mais moi je vis dans un monde où les gens n'arrivent même plus à se nourrir".

"Les messages qui sont envoyés, c'est : on va grignoter sur le pouvoir d'achat de celles et ceux qui ont encore un boulot avec la CCS (contribution calédonienne de solidarité). Et puis on va augmenter la TGC (Taxe générale sur la consommation, équivalent de la TVA), la taxe qui a le plus fort impact sur les plus démunis", déplore-t-il.

"Mise sous tutelle"

Un nouveau gouvernement doit être élu par les conseillers du congrès le 7 janvier. Ses membres se réuniront dans la foulée pour désigner un président. Il devrait s'agir d'un non-indépendantiste, et probablement du président du Rassemblement-Les Républicains Alcide Ponga , dont le nom semble faire consensus.

Seulement, en signe de protestation contre le renversement de l'équipe dirigée depuis juillet 2021 par Louis Mapou, les deux groupes indépendantistes au congrès, l'Union nationale pour l'indépendance et l'UC-FLNKS ont décidé de ne plus siéger, "afin de mettre chacun devant ses responsabilités".

"Puisqu'ils mettent en cause le plan de sauvetage du gouvernement, nous ne voterons pas les textes qui y sont liés en attendant que le prochain gouvernement fasse ses propositions ", explique le président du groupe UNI, Jean-Pierre Djaïwé. Conséquence, la réforme de la TGC n'a pu être votée jeudi. Or, sans cette réforme, le ministère de l'Économie ne versera pas les 231,2 millions d'euros dont les collectivités calédoniennes ont besoin pour terminer l'année 2024 et notamment payer les salaires.

"La mise sous tutelle devient un scénario de plus en plus sérieux" , s'inquiète l’élu Les Loyalistes (non-indépendantistes) Philippe Blaise.

L'insurrection qui a débuté le 13 mai sur fond de mobilisation indépendantiste contre la modification par l'État du corps électoral pour les élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie, a fait plus de 2 milliards d’euros de dégâts. Un salarié sur sept (9.250 personnes) a perdu son emploi entre mars et septembre, selon les derniers chiffres de l'Institut de la statistique et des études économiques.

9 commentaires

  • 28 décembre 08:53

    PASPIL A RAISON !


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des pompiers éteignent des cendres chaudes à côté d'Albas, dans le massif des Corbières, le 9 août 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )
    information fournie par AFP 10.08.2025 12:40 

    Températures caniculaires, peu d'humidité, un vent chaud et sec soufflant à 50 km/h, la journée de dimanche sera "compliquée", dans les Corbières, où le feu ne progresse plus mais n'est toujours pas maîtrisé. Dans la nuit et dimanche matin, les 1.300 pompiers ont ... Lire la suite

  • Confrontation entre un policier monté et un manifestant, lors d'une manifestation à Tel-Aviv pour réclamer un accord de cessez-le-feu à Gaza et le retour des otages du 7-Octobre, le 9 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
    information fournie par AFP 10.08.2025 12:30 

    Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit s'exprimer dimanche sur son plan de conquête de la ville de Gaza, contesté à la fois par ses alliés d'extrême-droite et les familles des otages, avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU ... Lire la suite

  • Le Premier ministre français François Bayrou
    information fournie par Reuters 10.08.2025 12:30 

    Le gouvernement français vise un rendement de 4,2 milliards d'euros dès 2026 pour le budget de l'Etat avec le projet de suppression de deux jours fériés et laisse aux organisations syndicales jusqu'à fin septembre pour parvenir à un éventuel accord sur le sujet, ... Lire la suite

  • Anne-Marie (à droite), 16 ans, mère d'un bébé de 6 mois, se promène avec Lou-Anne, 17 ans, et son bébé de 11 mois, dans la réserve naturelle de la baie de Somme, le 30 juillet 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )
    information fournie par AFP 10.08.2025 11:50 

    "Après avoir accouché, je n'avais plus de copines": comme pour Bérénice, la maternité précoce expose à l'isolement et au décrochage scolaire. Un constat à l'origine d'un dispositif d'accompagnement de mères adolescentes dans le Pas-de-Calais. Chapeaux, crème solaire, ... Lire la suite

Pages les plus populaires